Doctorat en architecture
Les espaces de la mort à l’hôpital, entre réinvention et persistance
Thèse de doctorat
soutenue le 5 décembre 2005
Directeur : Monique Eleb
Université de Paris 8 Saint Denis
Au moment où les discours contemporains se font l’écho de l’évolution de nos sensibilités face à la prise en charge de la mort et du mourir en milieu hospitalier, des projets de chambres mortuaires ou d’unités de soins palliatifs, réalisés depuis une vingtaine d’années par des artistes et des architectes, affichent une volonté de donner un sens à des lieux jusqu’alors marginaux, dévalorisés ou inexistants à l’hôpital. Cette recherche s’attache, d’une part, à identifier les termes selon lesquels les représentations de la mort et de la fin de vie sont perçus par le public et construites par l’institution curative. Elle cherche, d’autre part, à saisir les modalités selon lesquelles les concepteurs, baignés comme tout un chacun dans l’idéologie sous-jacente très particulière des discours sur la fin de vie et la mort à un moment donné, participent au processus de renouvellement des représentations sociales en donnant forme à des lieux institutionnels supports d’usages et de pratiques en cours de mutation. Il s’agit de comprendre et de situer les productions architecturales dans le contexte social et historique de leur élaboration et de saisir, à travers l’analyse de leurs caractéristiques plastiques et expressives, les références, idées et représentations qui ont présidé à leur conception (comme projet institutionnel et/ou comme projet architectural).
Le corpus inédit de cette recherche rassemble des projets de chambres mortuaires et d’unités de soins palliatifs (plus ponctuellement de lieux de recueillement hospitaliers) réalisés depuis 1980. Au-delà du fait d’être marqués du sceau de la mort, ces projets théoriques ou réalisations montrent, dans leur conception, une recherche d’innovation ou la constitution d’un cadre matériel permettant de nouvelles pratiques.
La mise en perspective du statut de la mort et des lieux de transit des défunts, examiné à travers les champs de l’histoire, de la sociologie et de l’anthropologie, constitue un cadre général permettant d’appréhender les réflexions engagées aujourd’hui à propos de la conception des lieux de fin de vie et de mort à l’hôpital.